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Le média de la CFJ72 à Barcelone

Miquel Sellarès, le premier policier de Barcelone

Indépendantiste et cata­la­niste, le fon­da­teur des Mossos modernes, la police cata­lane post-Franco, est un Barcelonais pur-sang qui vibre au son de l’hymne cata­lan depuis son plus jeune âge. Rencontre avec Miquel Sellarès. 

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Écrit par Lucas Bidault Enquête de Lucas Bidault et Arthur Eryeh-Fort, à Barcelone
Publié le 2 mars 201815 mars 2018
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Miquel Sellarès a sor­ti la tenue de com­bat. Emmitouflé dans un grand imper­méable gris, une large écharpe jaune attire d’abord l’attention. De plus près, le petit ruban de la même cou­leur, sym­bole contes­ta­taire des Catalans face à l’emprisonnement de plu­sieurs lea­ders indé­pen­dan­tistes, se détache. Dans un café dont l’unique charme est de faire face à la Sagrada Familia, le pre­mier poli­cier de Barcelone est en ter­rain connu, dans son quar­tier d’Eixample. Sellarès est le père de la police cata­lane, les Mossos, pré­sents dans la région depuis le XVIIIème siècle et sup­pri­més par Franco, dont Sellarès a repris le nom. Et quand il s’agit d’aborder son « pays », la Catalogne, l’homme est bavard. Entre deux gor­gées de Vichy cata­lan — l’eau régio­nale —, il passe la pre­mière et impose son rythme. « La Catalogne est une nation. Au même titre que la France. » À 71 ans, il observe avec recul la fré­né­sie de débats que ses Mossos sus­citent. Trop indé­pen­dan­tiste pour cer­tains unio­nistes, pas assez dévouée à la cause cata­lane pour d’autres auto­no­mistes, la police régio­nale cris­tal­lise les ten­sions. Mais son fon­da­teur, lui, demeure une figure popu­laire du cata­la­nisme et un sym­bole du com­bat indé­pen­dan­tiste catalan.

Dans ses pas se trouve l’histoire d’une Catalogne mar­quée par des années de lutte. D’abord contre la dic­ta­ture, ensuite contre la domi­na­tion poli­tique de Madrid. Un monde de révol­tés que Sellarès côtoie au quotidien.

Miquel Sellarès, le « maréchal clandestin »

« La pre­mière fois que je suis entré dans la clan­des­ti­ni­té, c’était chez les boy scouts. » Sellarès a alors 10 ans et déjà des convic­tions bien tran­chées. Avec ses copains scouts, ils font tour­ner le Justificacio de Catalunya, un essai sur la situa­tion cata­lane, inter­dit par Franco et écrit par Josep Armengou en 1955. Un acte sym­bo­lique mais ô com­bien impor­tant pour le jeune Sellarès, dont le père, Jaime, est « un ouvrier d’extrême-gauche, farou­che­ment oppo­sé à Franco ». Comme beau­coup de ses amis, il évo­lue dans un milieu où l’op­po­si­tion au Caudillo est par­tout. Et en pre­mier lieu à la mai­son. Alors, quand il perd ses parents à l’âge de 16 ans, l’épreuve est dif­fi­cile. « Ça a été très dur et j’ai dû quit­ter Barcelone », confie gra­ve­ment le vieil homme. Direction Israël. Une des­ti­na­tion incon­grue pour cet athée convain­cu. Ce voyage fon­da­teur de neuf mois, entou­ré d’amis israé­liens ren­con­trés à Barcelone, Sellarès aime en par­ler. Là-bas, son regard sur la Catalogne évo­lue. « J’ai été mar­qué par la capa­ci­té de ce nou­veau pays à se défendre face aux enva­his­seurs arabes », affirme-t-il. Et pour se défendre, quoi de mieux qu’une force armée entiè­re­ment dédiée à son peuple ? Pour la pre­mière fois, germe dans l’esprit de Sellarès l’idée d’une police régionale.

Il rentre à Barcelone en 1963. À 17 ans, le jeune Sellarès découvre l’effervescence des groupes acti­vistes anti-Franco. Dans une Catalogne volon­tai­re­ment mar­gi­na­li­sée par le dic­ta­teur, de nom­breux mou­ve­ments de lutte s’organisent. Sellarès cherche à tout prix à en faire par­tie. Il côtoie alors les membres du Front nacio­nal de Catalunya (FNC, Front natio­nal cata­lan), un par­ti poli­tique natio­na­liste, et plus par­ti­cu­liè­re­ment Jaume Martinez Vendrell, un mili­taire indé­pen­dan­tiste cata­lan. Vendrell est un radi­cal qui a mis en place à la fin des années 1960 une orga­ni­sa­tion armée pour la libé­ra­tion de la Catalogne. Aux côtés des membres du FNC, Sellarès s’éveille len­te­ment au com­bat poli­tique. Il veut libé­rer la Catalogne du joug fran­quiste. Mais aus­si et déjà l’imagine-t-il indé­pen­dante. Une idée encore lar­ge­ment mino­ri­taire par­mi les Catalans.

Réunion à l’Assemblée de Catalogne, le 29 août 1976 (debout au pre­mier plan, Miquel Sellarès). ©Image d’ar­chive Miquel Sellarès.

Il ren­contre éga­le­ment des membres impor­tants de l’ETA — orga­ni­sa­tion armée basque indé­pen­dan­tiste —, et par­ti­cipe à la mise en place de l’assemblée de Catalogne en 1971, une assem­blée clan­des­tine com­po­sée de nom­breux intel­lec­tuels et futurs poli­ti­ciens cata­lans. Les auto­no­mistes et indé­pen­dan­tistes de demain s’y réunissent, dans le quar­tier de la Sagrera à Barcelone, pour orga­ni­ser la résis­tance à Franco.

Pour Sellarès, la lutte devient une évi­dence. Mais pas à n’importe quel prix. Les armes, ce n’est pas vrai­ment son truc. Il ne concède avoir jeté que « quelques cock­tails molo­tovs pas méchants ». Et son fait d’arme le plus notoire ? Avoir été pré­sent lors du coup de filet des 113 en 1973, quand, avec des membres de l’Assemblée de Catalogne, il est arrê­té par la police fran­quiste dans l’é­glise de Santa Maria Mitjancera à Barcelone. Cette réunion clan­des­tine lui vaut son pre­mier séjour en pri­son. Trente-neuf jours à la Modelo, la pri­son fran­quiste de Barcelone.

« À cette époque, j’étais El Marisqual ! C’était mon sur­nom. » “Le maré­chal” en cata­lan. Celui qui dirige, sans vrai­ment aller au front. Celui qui met en place les codes de cou­leurs des che­mises des com­pa­gnons de lutte. Ou encore celui qui cache des membres de l’ETA en Catalogne. « On arri­vait même à contrô­ler les émis­sions de radio de la police fran­quiste », s’amuse le vieil homme. Un vrai “maré­chal” de la clan­des­ti­ni­té ani­mé par un refrain lan­ci­nant : vivre dans une Catalogne indépendante.

Miquel Sellarès, le policier en costume

À la mort de Franco en 1975, la lutte clan­des­tine cesse. Dans cette période de tran­si­tion démo­cra­tique, la résis­tance se porte désor­mais sur des reven­di­ca­tions auto­no­mistes et indé­pen­dan­tistes. La Catalogne ne se pré­oc­cupe plus de Franco mais de son des­tin à elle. Les clan­des­tins d’hier deviennent les nou­veaux diri­geants de la Generalitat, l’organisation poli­tique mise en place en 1979 pour diri­ger la région. Miquel Sellarès et Jordi Pujol, figure impor­tante de la lutte anti­fran­quiste, fondent la Convergencia demo­cra­ti­ca de Catalunya (CDC, Convergence démo­cra­tique de Catalogne). Parti poli­tique d’obédience auto­no­miste créé en 1974, la CDC sera au coeur de la scène poli­tique cata­lane pen­dant plus de qua­rante ans. Sellarès le « maré­chal clan­des­tin » — comme il aime à le dire — peut main­te­nant endos­ser l’habit du diri­geant poli­tique. Un cos­tume qui lui per­met d’influer direc­te­ment sur les thé­ma­tiques qui lui sont chères. Parce que Sellarès a une obses­sion, héri­tée de ses années sous Franco : mettre en place une force de police indé­pen­dante de Madrid. « La langue et la police sont deux choses indis­pen­sables à tout État. C’était pri­mor­dial de pou­voir se doter de cet outil », assure le Barcelonais. Un pro­jet déli­rant pour les Catalans. L’uniforme les effraie bien plus qu’il ne les rassure.

Jordi Pujol me répétait sans cesse : « Non mais tu as lu trop de BD, ça ne marchera jamais ! » – Miquel Sellarès

Mais pour Sellarès, qui a subi à de mul­tiples reprises les affres de la police de Franco – plus d’une cin­quan­taine de jours de pri­son —, l’indépendance vis-à-vis de Madrid ne peut pas­ser que par là. « Je vou­lais une police non-violente, et sur­tout sans cou­leur poli­tique. » Critique tout juste mas­quée de la Guardia civil, cette police natio­nale espa­gnole qu’il accuse d’être « tota­le­ment dévouée au natio­na­lisme d’État ».

Les diri­geants de son par­ti, Pujol en tête, ne veulent pas brus­quer Madrid. Depuis la mise en place en 1979 du pre­mier sta­tut d’autonomie de la Catalogne, la Generalitat est deve­nue l’institution char­gée de gou­ver­ner la Catalogne et le cata­lan une langue offi­cielle, au même titre que le cas­tillan. Alors pour la CDC, qui est par­ve­nue à pla­cer Pujol à la tête de la région en 1980, perdre ces acquis serait bien plus pro­blé­ma­tique.« Jordi Pujol me répé­tait sans cesse : “Non mais tu as lu trop de BD, ça ne mar­che­ra jamais.” » La ten­ta­tive man­quée de coup d’État, opé­rée en 1981 par Antonio Tejero, un ancien colo­nel de la Guardia civil et ado­ra­teur de Franco, fera néan­moins flan­cher le lea­der de la CDC : si les fran­quistes se réveillent, la Catalogne aura sûre­ment besoin de sa force de protection.

Meeting pour la liber­té de la Catalogne, le 22 juin 1976 (Miquel Sellarès au pre­mier plan,  Jordi Pujol au centre). ©Image d’ar­chive Miquel Sellarès.

En 1983, la nou­velle police régio­nale cata­lane, appe­lée Mossos d’Esquadra, est offi­ciel­le­ment créée. Une vic­toire pour les auto­no­mistes. Son pre­mier direc­teur n’est autre que Miquel Sellarès. Ça ne dure­ra qu’un an avant que celui-ci ne se consacre exclu­si­ve­ment à ses fonc­tions de direc­teur de la Fondation pour la docu­men­ta­tion poli­tique et de membre de la CDC. Au début, seuls soixante Mossos sont sous sa coupe. « Madrid ne vou­lait pas lais­ser gran­dir la base. C’était un risque pour eux. » Dans ces pre­mières années, leurs pou­voirs sont qua­si nuls. Tout juste peuvent-ils ser­vir de corps de garde pour la mai­rie de Barcelone.

« Je ne pou­vais même pas faire de rondes dans les trains. Notre action était très limi­tée. » Le direc­teur de la pro­tec­tion de la Generalitat — son titre offi­ciel — est donc for­cé de com­po­ser avec la matoi­se­rie du monde poli­tique. Les pour­fen­deurs cata­lans de Franco doivent encore et tou­jours dia­lo­guer avec Madrid. Et les proches de Sellarès et anciens membres de l’assemblée de Catalogne, Jordi Pujol, Josep Benet (dépu­té au Parlement cata­lan), Josep-Lluis Carod (vice-président de la Catalogne dans les années 2000) et d’autres, se trouvent en tête de ce cor­tège contes­ta­taire. Toujours accom­pa­gnés de Sellarès. « Madrid a accep­té une police en Catalogne parce qu’elle n’a­vait pas le choix. C’était : “Si tu t’abstiens ou votes pour moi aux Cortès, je t’accorde plus de pou­voirs” », com­mente Jofre Montoto, spé­cia­liste de la sécu­ri­té et auteur d’un livre sur les Mossos : Mossos d’Esquadra, Com és la poli­cia de Catalunya.

À grands coups d’accords poli­tiques entre Jordi Pujol et Madrid, ses Mossos gagnent en pou­voir et en auto­no­mie. En 1994, ils deviennent le corps prin­ci­pal de la région, au détri­ment de la Guardia civil. Et aujourd’­hui, ils sont plus de 16 500, pré­sents dans toute la Catalogne.

Le pre­mier poli­cier de Barcelone en est fier. « Les Mossos ont aujourd’hui beau­coup de pou­voir et, sur­tout, ils sont neutres. Ils ne sont là que pour pro­té­ger les Catalans », affirme-t-il en sou­riant, évo­ca­tion à peine voi­lée pour leur bien­veillance lors du réfé­ren­dum du 1er octobre 2017.

Miquel Sellarès, l’indépendant

Si Sellarès a tou­jours été constant dans son atta­che­ment à la défense de la culture cata­lane, on ne peut pas en dire autant dans ses choix poli­tiques. Il est un indé­pen­dant. « Il a per­du de son influence à force de chan­ger de groupe poli­tique », appuie Josep Salom, dépu­té de Barcelone et ancien membre de la Convergence démo­cra­tique. Il quitte la CDC en 1979 pour par­ti­ci­per à la fon­da­tion des Nacionalistes d’esquerra (NE, Nationalistes de gauche), un mou­ve­ment poli­tique indé­pen­dan­tiste. Son objec­tif ? Revendiquer le droit à l’autodétermination. Sans réel suc­cès aux dif­fé­rentes élec­tions, le mou­ve­ment est dis­sous en 1984 et Sellarès retourne à la CDC, un par­ti qui pèse en Catalogne. La CDC dirige la Generalitat sans inter­rup­tion entre 1980 et 2003. Mais là encore, l’indépendance du Barcelonais — cette fois face à la cor­rup­tion — le pousse à quit­ter le par­ti. En 1990, il dénonce les magouilles de Luis Prenafeta, secré­taire géné­ral de Jordi Pujol et actuel­le­ment accu­sé de cor­rup­tion urbaine et blan­chi­ment d’argent dans le cadre de l’affaire Pretoria. « Je l’ai [Jordi Pujol, ndlr] pré­ve­nu plu­sieurs fois, avoue-t-il. Ça ne pou­vait pas conti­nuer comme ça et je suis par­ti. »

Alors, si le com­bat poli­tique cesse au tour­nant des années 1990, l’activisme, lui, conti­nue. Plus sage et plus intel­lec­tuel. Acteur de plu­sieurs asso­cia­tions cata­la­nistes (Òmnium Cultural, Centre d’études stra­té­giques de la Catalogne), la plume demeure son arme favo­rite. Dans la droite lignée de ses anciens com­pa­gnons de l’assemblée de Catalogne, l’historien Josep Benet ou l’écrivain Joan Colomines notam­ment, Sellarès fait par­tie de ces indé­pen­dan­tistes qui optent pour le com­bat intel­lec­tuel.  Il écrit des bou­quins, prend posi­tion dans des jour­naux (El Punt et Deia notam­ment) et lance même un média de com­mu­ni­ca­tion, Tribuna Catalana, actif de 2000 à 2017. « Sa seule aspi­ra­tion a tou­jours été de faire de la Catalogne un pays libre et indé­pen­dant. Et c’est tou­jours le cas », conti­nue Josep Salom.

À 71 ans, il cherche à convaincre, tou­jours et par­tout. Même dans un café sans charme. « Lisez cet article, il est sen­sa­tion­nel ! » Intitulé Logica Colonial, le papier en ques­tion a été écrit par l’historien Joan Culla. Le texte dénonce les méthodes du pou­voir cen­tral à l’égard du pays cata­lan. Toujours la même mélo­die. Avant de nous quit­ter, le vieil homme, en nous ten­dant ses deux ouvrages, glisse une der­nière phrase : « Si Franco était res­té deux ans de plus, j’aurais pris les armes ».

Bio express
1946 Naissance à Barcelone

1971 Participe à la créa­tion de l’Assemblée de Catalogne

1974 Cofonde le par­ti Convergencia de Catalunya (CDC)

1983 Devient le 1er direc­teur de la pro­tec­tion de la Generalitat

1990 Quitte la CDC

Travail enca­dré par Jean-Baptiste Naudet, Fabien Palem et Cédric Rouquette.

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Rubrique : Dos à dosMots-clés : Espagne, catalogne, mossos, police, guardia civil, jordi pujol, sellarès

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