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Le média de la CFJ72 à Barcelone

Inés Arrimadas, star des anti-indépendantistes

Jeune, par­faite com­mu­ni­cante, extrê­me­ment cli­vante, Inés Arrimadas vise sur­tout le pou­voir espa­gnol. La lea­der d’opposition au Parlement cata­lan est l’archétype même de son parti. 

Écrit par Joanna Chabas Enquête de Joanna Chabas et Kenan Augeard, à Barcelone
Publié le 2 mars 201815 mars 2018
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« Je suis tel­le­ment fier d’elle, c’est la meilleure femme poli­tique d’Espagne ! » Carlos Ballart, 27 ans, est un jeune mili­tant de Ciudadanos (Citoyens, centre-droit) proche d’Inés Arrimadas, lea­der du par­ti en Catalogne. Elégant, son pull sable au-dessus de sa che­mise rayée, la coif­fure impec­cable : il pour­rait être son double mas­cu­lin. « Elle est tel­le­ment modeste et c’est une vraie bos­seuse », dit-il avec son Coca Zéro à la main. « Quand elle est arri­vée dans le par­ti, on a tout de suite su qu’elle serait une lea­der incroyable ! ».

Inés Arrimadas est la nou­velle star de la poli­tique espa­gnole. Le foyer de son ascen­sion est en Catalogne. Son par­ti, Ciudadanos, créé en 2006 et diri­gé par Albert Rivera, est un mou­ve­ment unio­niste qui se pré­sente comme cen­triste. Inés Arrimadas, 37 ans, en est à la fois la lea­der en Catalogne et son por­trait cra­ché. Décrire Arrimadas revient à décrire le par­ti : jeune, pho­to­gé­nique et venant de la socié­té civile.

Elle naît à Jerez de la Frontera, en Andalousie, d’un père avo­cat et élu cen­triste et d’une mère com­mu­niste. Le cou­sin de son père a été gou­ver­neur civil pen­dant la dic­ta­ture de Franco. C’est au lycée qu’elle apprend le cata­lan avant de com­men­cer des études de droit et de mana­ge­ment à Séville. Elle étu­die en par­tie à Nice et parle cou­ram­ment le fran­çais et l’anglais. Cette Andalouse s’installe en Catalogne, à Barcelone, en 2008 en tant que consul­tante. Le logo du par­ti est à l’image de son par­cours : un bla­son où sont réunis les dra­peaux espa­gnol, cata­lan et européen.

Inés Arrimadas a mis six ans à faire de Ciudadanos le pre­mier par­ti de Catalogne. Elle entre en poli­tique en 2011. A peine un an plus tard, elle devient dépu­tée Ciudadanos au Parlement de Catalogne. Le par­ti a alors neuf sièges. Albert Rivera, lea­der du par­ti, laisse la Catalogne à Inés Arrimadas pour se consa­crer à ses ambi­tions espa­gnoles. Avec Inés Arrimadas à sa tête en Catalogne, le par­ti passe alors de neuf dépu­tés à 25 en 2015, puis 36 en 2017. Ciudadanos devient alors le pre­mier par­ti de Catalogne. Pour Gabriel Colomé, poli­to­logue à l’Institut de sciences poli­tiques et sociales à Barcelone, « elle est res­pon­sable de cette avan­cée ». « Inés est une très bonne can­di­date, elle dit tou­jours ce qu’elle pense, elle est très forte dans la confron­ta­tion » explique-t-il. Le but d’Inés Arrimadas : atti­rer tous ceux qui sont contre l’indépendance de la Catalogne. De droite ou de gauche, qu’importe, elle ratisse au plus large. Inés Arrimadas a aus­si bien le vote des plus riches que des plus pauvres. Plus les mots envers les indé­pen­dan­tistes sont durs, plus les élec­teurs sont nombreux.

Lisse et contrôlée, une porte-parole à l’image du parti

Sur les murs exté­rieurs du local du par­ti à Barcelone, deux por­traits sont affi­chés : celui de Rivera et le sien. Des che­veux bruns, ondu­lés et laqués. Un grand sou­rire entou­ré de rouge à lèvres. Inés Arrimadas tra­vaille son image en per­ma­nence. Adepte des réseaux sociaux, elle se montre quo­ti­dien­ne­ment. Son fil Twitter est rem­pli de pho­tos d’elle en réunion ou en débat au Parlement. C’est la pre­mière à aller sur les mar­chés et ren­con­trer les électeurs.

https://twitter.com/InesArrimadas/status/963404871293718528

Cette com­mu­ni­ca­tion directe est loin d’être spon­ta­née. « Il y a une grosse équipe de mar­ke­ting der­rière Inés Arrimadas, raconte Gabriel Colomé, chaque mot est pen­sé pour tou­cher son élec­to­rat. Dans les débats, elle n’entre pas en confron­ta­tion directe avec les autres par­le­men­taires. Elle ne regarde que la camé­ra, ses élec­teurs. En face, ils se disent qu’enfin quelqu’un les défend ».

Parlement cata­lan, Barcelone, 21 février 2018. Sonia Sierra, dépu­tée Ciudadanos, est une habi­tuée des médias. ©Kenan Augeard

La stra­té­gie d’Inés Arrimadas est en fait celle de Ciudadanos. Le par­ti a un contrôle total sur la com­mu­ni­ca­tion de ses dépu­tés. Tout doit pas­ser par le ser­vice presse. Tout le monde s’appelle par son pré­nom, sauf pour le grand lea­der, pour qui c’est tou­jours « Albert Rivera ». Les inter­views se font au Parlement, vingt minutes et pas plus. Une seule inter­view avec un dépu­té est accor­dée à chaque média. Dans leurs bouches, les mêmes élé­ments de lan­gage. Les dépu­tés Ciudadanos n’ont pas le droit aux écarts. Toutes les trois minutes, l’attachée de presse vient rap­pe­ler com­bien de temps il reste et, au pas­sage, s’assure que tout va bien. Sonia Sierra, dépu­tée du par­ti au Parlement cata­lan, habi­tuée des inter­views, mar­tèle machi­na­le­ment un dis­cours tout pré­pa­ré : « Inés Arrimadas est une des meilleures poli­ti­ciennes d’Europe. Elle tra­vaille très dur, elle va devant les médias et elle est très douée dans tous les débats ! ».

La “une” illé­gale d’ABC, publié un jour avant les élec­tions de 2017. ©ABC

Inés Arrimadas est effec­ti­ve­ment la coque­luche des médias espa­gnols. « Les médias la voyaient déjà gagnante des der­nières élec­tions ! », s’emporte Jaume Lopez, poli­to­logue indé­pen­dan­tiste à l’Université Pompeu Fabra de Barcelone. « Il y a eu exac­te­ment le même phé­no­mène qu’avec Macron en France, les médias se sont embal­lés pour cette nou­velle per­son­na­li­té ». ABC, un jour­nal espa­gnol, a même fait sa une sur Inés Arrimadas un jour avant les élec­tions du Parlement en 2017. Le jour­nal a dû payer une amende de 800 € car il est illé­gal en Espagne de pré­sen­ter un can­di­dat dans les médias deux jours avant une élection.

« C’est une marionnette ! »

Sur la Plaça de Catalunya (Place de Catalogne), des indé­pen­dan­tistes pro­testent contre l’emprisonnement de ceux qui ont orga­ni­sé le réfé­ren­dum du 1er octobre. Ici, les oppo­sants d’Inés Arrimadas sont nom­breux. Les dra­peaux cata­lans sont par­tout. Un groupe de mili­tants tri­cote une longue écharpe jaune. Le ruban jaune est le sym­bole de ceux qui veulent la libé­ra­tion des « pri­son­niers poli­tiques ». « Elle veut nous détruire ! Elle est fas­ciste ! », s’énerve Mikel, 19 ans.

Au Starbucks Coffee de la place, Aldo Frediani et Guillem Valls, deux étu­diants bar­ce­lo­nais en sciences poli­tiques, sont à la tête de Deconstuïnt Ciudadanos, un compte Twitter anti-Cuidadanos. Ils sont indé­pen­dan­tistes et de gauche. Guillem, deux fois plus grand qu’Aldo, fait une thèse sur le popu­lisme. « C’est facile d’être popu­laire et de gagner des élec­tions en racon­tant des men­songes ! », se lamente Guillem en man­geant sa salade de qui­noa. Selon Aldo, « Inés Arrimadas a fait tout ce qu’il fal­lait pour être au pou­voir, il faut l’admettre. On veut juste mon­trer que Ciudadanos n’est pas ce qu’il pré­tend être ». Aina Teixido Franch, 27 ans, un ruban jaune accro­ché au t‑shirt, insiste : « c’est juste une marion­nette de Rivera ! ». Inés Arrimadas et Ciudadanos subissent le même trai­te­ment en Catalogne : on les adore ou on les déteste. Les réac­tions sont qua­si­ment phy­siques. « Pour les indé­pen­dan­tistes, s’attaquer à la Catalogne, c’est comme si on agres­sait leur mère, explique Jaume Lopez, ils perdent la rai­son, tout est dans l’émotion ».

Une ambition espagnole

Barcelone, 22 février 2018. Pour Gabriel Colomé « Inés Arrimadas a un meilleur pro­fil que Rivera pour être pré­si­dente du gou­ver­ne­ment espa­gnol ». ©Kenan Augeard

Albert Rivera, le lea­der natio­nal du par­ti, se concentre lui sur Madrid. Une guerre des chefs entre Arrimadas et Rivera pour­rait débu­ter dans le par­ti orange. « Je dirais qu’Inés Arrimadas a un meilleur pro­fil que Rivera pour être pré­si­dente du gou­ver­ne­ment espa­gnol, affirme Gabriel Colomé. Elle a un avan­tage sur lui, elle n’est pas cata­lane. C’est plus facile pour un Espagnol conser­va­teur de voter pour un Espagnol que pour un Catalan. Mais je pense que Rivera le voit très bien, il va l’envoyer à une bataille déjà per­due », analyse-t-il. Certains élus de droite, par­fois de son par­ti, lui demandent déjà d’essayer de prendre la pré­si­dence de la Catalogne, même si cela est mathé­ma­ti­que­ment impos­sible. Il manque encore l’oc­ca­sion pour qu’Inés Arrimadas maté­ria­lise sa popu­la­ri­té et sorte de son rôle d’éternelle dépu­tée d’opposition.

Travail enca­dré par Jean-Baptiste Naudet, Fabien Palem, Cédric Rouquette et Cédric Molle-Laurençon.

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Rubrique : Dos à dosMots-clés : indépendantisme, unioniste, arrimadas, ciudadanos

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